Il y a vingt ans déjà, Philippe Aubert.
Philippe Aubert nous a quittés il y a vingt ans, il était chroniqueur sur Europe I et avait été journaliste à Combat
Lettre Posthume à Philippe AUBERT
Tu avais un nom qui rappelait une station de métro ou plutôt une petite rue entre le boulevard Hausmann et la place de l'Opéra, lieux historiques où les fastes d'un baron anarchiste par son compas et visionnaire par sa grandeur, avait su créer l'éclat d'un Paris nouveau. Une rue à mi-chemin entre l'éclat et les ténors. L'éclat d'une société dont il avait pressenti l'éclatement et dont il ne comprenait plus, ni son éclat devenu virtuel, ni ses ténors devenus eux sans éclats.
L'éclat lui, tu l'avais trouvé dans le verbe, à défaut d'avoir eu la puissance et la beauté d'un ténor. Car tu n'étais pas beau, et c'est peut-être pour cela que ton verbe était acide dans la plus pure tradition journalistique et pamphlétaire, comme on en connaît dans aucun pays. Car vois-tu, des Aubert, même la France n'en fait pas tous les jours !
Et puis tu nous as quitté, sans prévenir, ce 20 février, pour une autre rubrique, la rubrique nécrologique, en vers celle-là, alors que tu n'en avais pas fini avec la prose.
J'en connais qui vont être soulagé, ils l'ont échappé belle! Fini les nuits blanches, attendant avec anxiété d'être ou de ne pas être épinglé par Aubert... Ils l'ont échappé belle! Enfin, ils l'ont cru, car tu avais plus d'un tour dans ton sac et d'ici que tu ne les interpelles de ton nuage en leur envoyant des foudres de jurons ou d'autres formules bien connues de ton esprit sauvage... A moins que tu ne te réincarne en je ne sais quel esprit provocateur et tapageur dont le seul leitmotiv serait :
" Mon œil ! Mon œil ! Mon œil ! "
Salut Aubert !
Pierre Klein