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Pierre Klein Journal d'un utopiste
10 juin 2019

Le déshonneur

Décidément nous sommes peu de chose !

Alors que nous nous revendiquons des valeurs de partage, de fraternité et de tolérance, nos comportements glissent inlassablement vers une société où ces valeurs sont invisibles, voire inconnues. Une société où sont mélangées à la fois l’adulation d’un jour, l’oublie d’un autre.

Il y a un an Arnaud Beltrame perdait la vie en se portant volontaire pour remplacer un otage dans le supermarché de Trèbes. Toute la France pleurait, tous les médias étaient mobilisés sur cet acte courageux et sur cet événement abominable, tous les politiques y allaient de leur petites phrases, leurs petites déclarations, celles qu’il fallait déclarer pour être dans le bon ton, dans le politiquement correcte et l’on sortit la légion d’honneur du placard à bonne conscience.

Il y a quelques jours, un habitant d’une petite ville de la France profonde eut l’idée de donner le nom de ce héros, martyr de la liberté, dans l’une des rues de la ville. L’idée était belle, la cause était juste, cette initiative était exemplaire.

La cérémonie fut préparée, les invitations envoyées en temps voulues, les politiques et la population furent invités à partager ce moment républicain, cette communion autour de nos valeurs de liberté et de vivre ensemble.

J’étais présent, convaincu que rien n’aurait pu m’empêcher de ne pas l’être, pluie, vent, orage, rien n’avait plus d’importance à cet instant.

La cérémonie eut lieu. Elle eut lieu, devrais-je dire entre amis, vu le peu de personnes s’étant donner la peine de se déplacer à cette occasion. Une population absente mise à part quelques voisins convaincus que leurs places était là ce jour là, au coin de cette rue.

Des politiques absents dans leur majorité, pas de maires alentours, pas de députés, pas de conseillers départementaux, pas de conseillers communautaires ou si peu, pas de Président de la communauté de commune. Rien que des amis, le maire de la commune, un capitaine de gendarmerie, quelques conseillers municipaux, la présence du Président des anciens combattants locaux, deux pompiers, quatre vieillards en guise de portes drapeaux, un ami retraité de la police nationale et le curé du village venu en soutane. J’assistais alors au renoncement d’une population, à celui des politiques, ces derniers ayant adoptés la politique de l’oublie, celle du zapping, de l’incivilité ; la gangrène s’installait honteusement dans les comportements et la honte remplaçait l’honneur d’un peuple. J’eus alors cette vision terrible qui m’annonça que ce peuple était perdu !

Le lendemain, trois secouristes de haute mer perdaient la vie en voulant sauver celle de marins dont l’embarcation était prise par la tempête. Toute la France pleurait, tous les médias étaient mobilisés sur cet acte courageux et sur cet événement abominable, tous les politiques y allaient de leur petites phrases, leurs petites déclarations, celles qu’il fallait déclarer pour être dans le bon ton, dans le politiquement correcte. On sortit les légions d’honneur des placards à bonne conscience en attendant la prochaine catastrophe, le prochain divertissement qui permettra à toutes les bonnes âmes bien installés devant leur petit écran qu’elles sont bien vivantes en attendant le prochain.

Pierre Klein

 

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